Au cours des vingt dernières années (2000-2019), 7.348 catastrophes naturelles ont été enregistrées dans le monde pour un coût évalué à près de 3.000 milliards de dollars, révèle le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNSDIR), dans un rapport publié à l’occasion de la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe (13 octobre).
La crise de la Covid-19 a sensibilisé les gouvernements et le public en général sur les risques qui nous entourent
« La pandémie de Covid-19 n’est que la dernière preuve en date que les dirigeants politiques et économiques ne sont pas encore à l’écoute du monde qui les entoure », a déclaré la Représentant spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophe, Mami Mizutori, citée dans le communiqué.
Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi au Palais des Nations à Genève, Mme Mizutori a ajouté que le nouveau coronavirus a « sensibilisé les gouvernements et le public en général sur les risques qui nous entourent ».
« Ils peuvent voir que si la Covid-19 est aussi terrible, l’urgence climatique peut être encore pire », a-t-elle fait valoir.
« Ce rapport couvre les vingt premières années de ce siècle et n’inclut pas les risques épidémiologiques comme la pandémie de Covid-19. Mais il met clairement en évidence le niveau de souffrance humaine et de pertes économiques qui résultent de l’incapacité à s’adapter au changement climatique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre », a ajouté de son côté l’auteure du rapport, professeur Debarati Guha-Sapir, du Centre de recherche belge sur l’épidémiologie des catastrophes de l’Université de Louvain.
Le rapport, qui ne porte pas sur les risques épidémiologiques comme le coronavirus, montre que la progression des catastrophes naturelles est surtout liée à l’augmentation des catastrophes climatiques, qui sont passées de 3.656 (1980-1999) à 6.681 (2000-2019), une forte hausse par rapport aux vingt dernières années.
« Nous sommes délibérément destructeurs. C’est la seule conclusion à laquelle on peut arriver lorsqu’on passe en revue les catastrophes survenues au cours des vingt dernières années », a indiqué Mme Mizutori.
L’illustration de ces phénomènes météo extrêmes, ce sont ces inondations – qui ont doublé – et les tempêtes, qui ont été les catastrophes les plus fréquentes au cours des deux dernières décennies.
Le rapport fait état aussi d’une augmentation importante dans d’autres catégories de phénomènes, dont les sécheresses, les incendies de forêt et les températures extrêmes.
Il y a également eu un accroissement des événements géophysiques, notamment les tremblements de terre et les tsunamis, qui ont tué plus de personnes que tous les autres risques naturels examinés dans le rapport.
Pour la décennie à venir, l’ONU redoute surtout les vagues de chaleur.
« Si ce niveau de croissance des phénomènes météorologiques extrêmes se poursuit au cours des vingt prochaines années, l’avenir de l’humanité s’annonce très sombre », a averti la Professeure Guha-Sapir.
Le nombre moyen de décès de 2000-2019 s’est élevé à environ 60.000 par an
Sur le plan économique, les coûts des catastrophes naturelles sont évalués à près de 3.000 milliards de dollars depuis 2000 mais le montant réel est plus élevé, en raison du problème de la collecte des données dans certaines régions, comme en Afrique où prévaut le secteur informel.
En attendant, les pays développés comptabilise la plupart des pertes économiques (67 %), avec un total de 1.990 milliards de dollars entre 2000 et 2019. En comparaison, les pays appartenant à d’autres catégories de revenus ont enregistré des pertes économiques totales nettement inférieures.
Par ailleurs, le nombre de personnes touchées par les catastrophes, y compris les blessures et la perturbation des moyens de subsistance, en particulier dans l’agriculture, et les dommages économiques qui y sont associés augmentent, contrairement à la diminution de la mortalité.
Le nombre de morts est ainsi passé de 1,19 million sur la période 1980-1999 à 1,23 million sur la période 2000-2019, alors que le nombre de personnes touchées par ces catastrophes naturelles a bondi (passant de 3,25 milliards à 3,9 milliards).
Les années 2004, 2008 et 2010 ont été les plus dévastatrices, avec plus de 200.000 morts à chacune de ces années. Le tsunami de 2004 dans l’océan Indien a été le plus meurtrier, faisant plus de 220.000 victimes.
Le deuxième événement le plus important a eu lieu en 2010, lorsqu’un tremblement de terre a causé la mort de plus de 200.000 personnes, et blessé plus de 300.000 autres à Haïti. En 2008, le cyclone Nargis a lui tué quelque 138.000 personnes au Myanmar.
Par ailleurs, le rapport note que le nombre moyen de décès dans le monde entre 2000 et 2019 s’est élevé à environ 60.000 par an, et que depuis 2010, il n’y a pas eu de « mégacatastrophe » pouvant engendrer plus de 100.000 morts.
De plus, les pays en développement représentent 23% du total des décès dus aux catastrophes, bien qu’ils comptent moins de 10% de la population mondiale.
« Davantage de vies sont sauvées mais davantage de personnes sont touchées par l’urgence climatique croissante. Le risque de catastrophe devient systémique », a souligné Mme Mizutori.
S’agissant de la répartition géographique, l’Asie – où se trouvent huit des dix premiers pays enregistrant le plus grand nombre de catastrophes – est la région la plus touchée, suivie par le continent américain et l’Afrique.
Il existe de nombreuses mesures pratiques qui peuvent être prises pour réduire le fardeau des pertes dues aux catastrophes
La Chine et les Etats-Unis sont les pays qui ont signalé le plus grand nombre de catastrophes. La Chine a connu une grande variété de plus de 500 catastrophes, y compris des événements géophysiques, hydrologiques et météorologiques.
Toutefois, par rapport à la Chine, les États-Unis connaissent moins d’événements géophysiques et hydrologiques, et plus d’événements météorologiques et climatologiques, tels que les tempêtes et les incendies de forêt.
La Chine et les Etats-Unis sont suivis par l’Inde, les Philippines et l’Indonésie, pays qui ont des densités de population relativement élevées dans les zones à risque, signale le rapport.
Face à ce sombre tableau que peint le rapport, Mme Mizutori invite la communauté internationale à suivre les recommandations des scientifiques et à investir dans les programmes de prévention et d’adaptation au changement climatique.
« La bonne gouvernance des risques de catastrophes dépend du leadership politique et de la réalisation des promesses faites lors de l’adoption de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes il y a cinq ans », a-t-elle fait remarquer.
Mme Guha-Sapir note qu’il existe de nombreuses mesures pratiques qui peuvent être prises pour réduire le fardeau des pertes dues aux catastrophes alors que le monde devra « vivre avec les conséquences des niveaux actuels de changement climatique pendant longtemps encore ».
SOURCE Centre d’actualités de l’ONU